Hépatite D

8 juillet 2019

Principaux faits

  • Le virus de l’hépatite D (VHD) est un virus à acide ribonucléique (ARN) qui a besoin du virus de l’hépatite B (VHB) pour se répliquer. L’infection par le VHD ne peut être qu’une co-infection simultanée avec le VHB ou une surinfection.
  • Le virus responsable est le plus souvent transmis par la mère à l’enfant lors de la naissance et de l’accouchement, ou par contact avec du sang ou d’autres liquides corporels.
  • La transmission verticale de la mère à l’enfant est rare.
  • Au moins 5% des sujets porteurs d’une infection chronique à VHB sont également infectés par le VHD, ce qui donne un total de 15 à 20 millions de personnes infectées par le VHD dans le monde. Cette estimation mondiale reste toutefois approximative, beaucoup de pays ne notifiant pas la prévalence du VHD.
  • Dans le monde, le nombre total d’infections à VHD a baissé depuis les années 1980. On doit principalement cette tendance au succès du programme mondial de vaccination contre le VHB.
  • On considère la co-infection VHD-VHB comme la forme la plus grave d’hépatite virale chronique en raison de l’évolution rapide vers la mort par atteinte hépatique et carcinome hépatocellulaire.
  • Actuellement, les taux de guérison sont faibles en général.
  • La prévention de l’hépatite D passe par la vaccination contre l’hépatite B.

L’hépatite D est une maladie du foie pouvant prendre une forme aiguë ou une forme chronique; elle est due au virus de l’hépatite D (VHD) qui a besoin du VHB pour se répliquer. Il ne peut pas y avoir d’hépatite D en l’absence du virus de l’hépatite B. On considère la co-infection VHD-VHB comme la forme la plus grave d’hépatite virale chronique en raison de l’évolution rapide vers la mort par atteinte hépatique et carcinome hépatocellulaire.

Le vaccin contre l’hépatite B est la seule méthode de prévention de l’infection par le VHD.

Répartition géographique

On estime que, dans le monde, environ 5% des sujets porteurs d’une infection chronique à VHB sont également infectés par le VHD, ce qui donne un total de 15 à 20 millions de personnes infectées par le VHD. Les zones de forte prévalence sont les suivantes: Afrique (centrale et de l’Ouest), Asie (centrale et du Nord, ainsi que le Viet Nam, la Mongolie, le Pakistan, le Japon et Taiwan (Chine)), îles du Pacifique (Kiribati, Nauru), Moyen-Orient (tous les pays), Europe orientale (régions méditerranéennes orientales, Turquie), Amérique du Sud (bassin de l’Amazone) et Groenland.

L’estimation mondiale et les informations géographiques sont cependant incomplètes, beaucoup de pays ne notifiant pas la prévalence du VHD.

Transmission

Les voies de transmission sont les mêmes pour le VHD que pour le VHB : voie percutanée ou sexuelle par contact avec du sang ou des dérivés sanguins infectés. La transmission verticale est possible mais rare. La vaccination contre le VHB évite la co-infection par le VHD; le développement des programmes de vaccination contre l’hépatite B dans l’enfance a donc entraîné une baisse de l’incidence de l’hépatite D au niveau mondial.

Symptômes

Hépatite aiguë: l’infection simultanée par le VHB et le VHD peut entraîner une hépatite modérée à sévère, voire fulminante, mais la guérison est en général complète et l’évolution vers une hépatite D chronique est rare (moins de 5% des cas d’hépatite aiguë).

Surinfection: le VHD peut infecter un sujet déjà porteur d’une infection chronique par le VHB. Cette surinfection accélère à tous les âges et chez 70% à 90% des personnes l’évolution vers une forme plus grave. La surinfection par le VHD accélère de près de 10 ans l’évolution vers la cirrhose par rapport à la mono-infection par le VHB, bien que le VHD empêche la réplication du VHB. On ne connaît pas encore le mécanisme par lequel le VHD entraîne une hépatite plus grave et une évolution plus rapide de la fibrose hépatique que le seul VHB.

Qui est exposé au risque?

Les porteurs d’une infection chronique par le VHB sont exposés au risque d’infection par le VHD.

Les personnes qui ne sont pas immunisées contre le VHB (soit après avoir contracté la maladie, soit en ayant été vaccinés contre ce virus) sont exposées au risque d’infection par le VHB, ce qui les expose aussi au risque d’infection par le VHD.

La forte prévalence chez les personnes s’injectant des drogues semble désigner la consommation de drogues injectables comme un important facteur de risque de co-infection par le VHD.

Une activité sexuelle à risque (travailleur du sexe par exemple) accroît également le risque d’infection par le VHD.

Les migrations en provenance de pays à forte prévalence du VHD vers des zones à faible prévalence pourraient avoir un effet sur l’épidémiologie dans le pays d’accueil.

Dépistage et diagnostic

On diagnostique l’infection par le VHD en mettant en évidence des titres élevés d’immunoglobulines G (IgG) et d’immunoglobulines M (IgM) anti-VHD. Le diagnostic est confirmé par la détection sérique de l’ARN du VHD.

Toutefois, les diagnostics du VHD ne sont pas couramment disponibles et il n’y a pas de standardisation des essais portant sur l’ARN de ce virus, utilisés pourtant pour contrôler la réaction au traitement antiviral.

Le titrage de l’antigène de surface de l’hépatite B (HBsAg) est utile pour contrôler la réponse au traitement lorsque le dosage quantitatif de l’ARN du VHD n’est pas disponible. Une baisse des titres de HBsAg signe souvent une perte des antigènes de surface et une élimination du VHD, bien que ce soit rare au cours du traitement.

Traitement

Les lignes directrices actuelles recommandent en général l’interféron alpha pégylé pendant au moins 48 semaines, quelle que soit l’évolution de la réaction au traitement pendant celui-ci. Les taux moyens de réponse virologique durable sont faibles, mais ce traitement est un facteur indépendant s’associant à une faible probabilité d’évolution de la maladie.

On pourra envisager une transplantation hépatique dans les cas d’hépatite fulminante ou d’affection hépatique au stade terminal. Il faut de nouveaux principes actifs et stratégies thérapeutiques ; certains médicaments novateurs, comme un inhibiteur de la prénylation ou des inhibiteurs d’entrée du VHB, ont donné des premiers résultats prometteurs.

Prévention

La prévention contre l’infection par le VHD et la lutte passent par la prévention de la transmission du VHB au moyen de la vaccination contre l’hépatite B, de la sécurité transfusionnelle, de la sécurité des injections et des services de réduction des effets nocifs. En revanche, la vaccination contre l’hépatite B ne confère aucune protection contre le VHD chez ceux qui sont déjà infectés par le VHB.

Action de l’OMS

L’OMS ne donne pas de recommandations spécifiques sur l’hépatite D; néanmoins, la prévention de l’hépatite B au moyen de la vaccination, de la sécurité des injections, de la sécurité transfusionnelles et des services de réduction des effets nocifs en fournissant des aiguilles et des seringues propres, est efficace pour prévenir la transmission du VHD.

En mai 2016, l’Assemblée mondiale de la Santé a adopté la première Stratégie mondiale du secteur de la santé contre l’hépatite virale, 2016-2021. Celle-ci insiste sur le rôle crucial de la couverture sanitaire universelle et les cibles de la stratégie sont alignées sur celles des objectifs de développement durable.

Cette stratégie vise à éliminer l’hépatite virale des problèmes de santé publique, ce qui est résumé dans les cibles mondiales demandant de réduire de 90% le nombre des nouveaux cas et de 65% le nombre des décès dus à l’hépatite virale d’ici à 2030. Les mesures à prendre par les pays et le Secrétariat de l’OMS pour atteindre ces cibles sont décrites dans la stratégie.

Pour aider les pays à progresser et à atteindre les cibles mondiales concernant l’hépatite au titre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’OMS travaille dans les domaines suivants:

  • sensibilisation, promotion des partenariats et mobilisation des ressources;
  • élaboration de politiques fondées sur des bases factuelles et obtention des données pour agir;
  • prévention de la transmission; et
  • développement des services de dépistage, de soins et de traitement.

L’OMS organise également, le 28 juillet de chaque année, la Journée mondiale contre l’hépatite pour sensibiliser les populations et leur faire mieux connaître les hépatites virales.