Campagne de vaccination contre la fièvre jaune à Kinshasa: plus de 7 millions de personnes vaccinées en 2 semaines

31 août 2016

Alors que la saison des pluies commence dans la ville de Kinshasa (République démocratique du Congo), la plus grande campagne de vaccination contre la fièvre jaune jamais organisée en Afrique touche à sa fin.

Dans la province de Kinshasa, plus de 7 millions de personnes ont été vaccinées avec succès ces 2 dernières semaines. Cependant, dans les zones reculées frontalières de l’Angola, la campagne est toujours en cours et elle vise à vacciner 3 millions de personnes supplémentaires à risque afin de mettre fin à cette flambée de maladie parfois mortelle


Les toits en tôle ondulée du bidonville de Pakajuma à Kinshasa
O/E. Soteras Jalil

Pour les personnes désespérément pauvres vivant dans le bidonville de Pakajuma à Kinshasa où les espaces sont exigus, la vaccination contre la fièvre jaune représente une protection vitale contre une flambée ayant déjà provoqué plus de 400 décès en République démocratique du Congo et en Angola. Des abris de fortune exigus situés dans des ruelles densément peuplées sont entourés d’eaux stagnantes et de mauvaises conditions d’assainissement prévalent. Ces conditions sont propices à l’apparition de maladies transmises par les moustiques telles que la fièvre jaune et les maladies à transmission hydrique comme le choléra.


Mobilisation sociale dans les rues de Kinshasa, où des agents appellent à la vaccination contre la fièvre jaune
OMS/E. Soteras Jalil

Même après la fin officielle de la campagne de vaccination à Kinshasa, les agents pour la mobilisation sociale comme Bebe Bola continuent de circuler dans la ville, en faisant connaître les campagnes de rattrapage et en veillant à ce que chacun ait l’occasion de se protéger et d’aider à mettre fin à la flambée.


Une jeep achemine les vaccins contre la fièvre jaune dans les zones difficiles d'accès
OMS/A. Clements-Hunt

En termes de logistique, la vaccination de plus de 10,5 millions de personnes dans la province de Kinshasa et dans les zones reculées frontalières de l’Angola a été complexe et difficile. L’OMS et les partenaires ont aidé les autorités de la République démocratique du Congo à organiser et à transporter plus de 10 millions de seringues et 38 000 porte-vaccins (par camion, voiture, moto, bateau et à pied) vers les 8000 sites de vaccination visés, dont beaucoup sont situés dans des zones reculées et difficiles d’accès.


Des agents examinent la carte de la la zone de santé de Popokabaka s’étend sur plus de 7000 kilomètres carrés
OMS/A. Clements-Hunt

À la frontière avec l’Angola, la zone de santé de Popokabaka s’étend sur plus de 7000 kilomètres carrés et elle est traversée par le fleuve Kwango. Le transbordeur, qui transportait la population d’une rive à l’autre du fleuve, est tombé en panne et les vaccins et autres matériels doivent souvent être transportés sur plus de 100 km dans des pirogues. L’OMS collabore avec les autorités sanitaires locales pour déterminer le meilleur moyen de faire parvenir les vaccins et les fournitures pour la campagne aux endroits où ils sont nécessaires dans la zone de Popokabaka ainsi que d’autres zones de santé visées situées le long de la frontière.


Des familles font la queue pour se faire vacciner contre la fièvre jaune dans un centre de santé en zone rurale
OMS/A. Clements-Hunt

De nombreuses personnes vivant dans ces zones frontalières rurales doivent marcher des kilomètres pour se rendre au centre de santé le plus proche. Moins de la moitié des sites de vaccination disposent d’un réseau téléphonique et la collecte de données essentielles sur les progrès de la campagne peut nécessiter deux jours de voyage. Les superviseurs locaux se déplacent souvent à pied de village en village et escaladent les arbres afin de tenter de capter un signal et de transmettre des informations au quartier général de la zone de santé.


Ce centre de santé communautaire rural est chargé de vacciner environ 11 000 personnes durant la campagne. Dès l’aube, les gens commencent à faire la queue afin de se faire vacciner avant de se rendre au champ. Le vaccin est administré à toute personne âgée de plus de 9 mois, y compris les femmes enceintes.


Des communautés entières prennent part à cette campagne. Les agents pour la mobilisation communautaire se déplacent de village en village et de maison en maison, et souvent ils accompagnent des familles entières qui vivent dans des endroits reculés, jusqu’au lieu de vaccination le plus proche. La campagne est une occasion rare de protéger gratuitement les personnes contre une maladie parfois mortelle grâce à un vaccin sûr et efficace.


Au vu de l’approvisionnement mondial en vaccins limité et suite aux recommandations du Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination (SAGE), l’OMS et le ministère de la Santé de la RDC appliquent la méthode consistant à administrer un cinquième de la dose normale du vaccin antiamaril à titre de mesure d’urgence à court terme à Kinshasa afin d’atteindre le plus de personnes possible. La dose confère une protection pendant 12 mois et plus. Les autorités prévoient d’organiser une nouvelle campagne l’année prochaine et d’administrer la dose complète du vaccin antiamaril une fois que les stocks mondiaux atteindront un niveau normal.


La foule se rassemble au centre de santé durant une campagne de vaccination contre la fièvre jaune dans le district rural de Maluku dans la banlieue de Kinshasa. De nombreuses personnes qui y vivent sont des agriculteurs pratiquant l’agriculture de subsistance ou des petits commerçants qui doivent travailler durant la journée pour nourrir leur famille. Ces zones figurent parmi celles nécessitant une mobilisation renforcée et une campagne de vaccination supplémentaire, y compris après la fin officielle de la campagne afin de vacciner les personnes qui ne l’ont pas encore été.


Une jeune femme reçoit une dose de vaccin dans une clinique privée de Kinshasa qui soutient la campagne. Durant les deux premiers jours de la campagne, quelque 1500 personnes ont été vaccinées dans cette clinique. Les entreprises du district de la Gombe, centre des affaires, ont également soutenu la campagne en permettant à leur personnel, dont plusieurs viennent de zones périphériques, de se faire vacciner sur le lieu de travail.


Un enfant, chez lequel on suspecte la fièvre jaune, est photographié aux côtés de sa mère enceinte à l’hôpital de recours de l’Amitié Sino-Congolais à Kinshasa. Tous les patients du service sont traités par MSF Belgique qui est chargé de la prise en charge clinique des patients atteints de fièvre jaune dans cet hôpital.