M. Saeedi
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Leishmaniose

14 mars 2019

Principaux faits

  • La leishmaniose se décline en 3 formes principales: viscérale (la plus sévère, souvent appelée kala-azar), cutanée (la plus fréquente) et cutanéo-muqueuse.
  • La leishmaniose est due à un protozoaire du genre Leishmania, transmis par la piqûre d'un phlébotome infecté.
  • La maladie, qui touche les populations les plus pauvres du monde, est associée à la malnutrition, aux déplacements de population, aux mauvaises conditions de logement, aux systèmes immunitaires fragilisés et au manque de ressources.
  • Elle est liée à des évolutions environnementales telles que la déforestation, la construction de barrages, les systèmes d'irrigation et l'urbanisation
  • Selon les estimations, il y aurait chaque année entre 700 000 et 1 million de nouveaux cas et entre 20 000 et 30 000 décès.
  • Seule une petite proportion des sujets infectés finiront par développer la maladie.
La leishmaniose est provoquée par un parasite protozoaire du genre Leishmania, lequel compte plus de 20 espèces différentes.  On sait que plus de 90 espèces de phlébotomes transmettent les parasites du genre Leishmania. Transmise à l'homme par la piqûre de phlébotomes femelles infectés, elle se décline en trois formes principales:
  • La leishmaniose viscérale (LV, également appelée kala-azar) est mortelle en l'absence de traitement. Caractérisée par des poussées irrégulières de fièvre, une perte de poids, une hépatosplénomégalie (augmentation simultanée du volume du foie et de la rate) et une anémie. La plupart des cas sont enregistrés au Brésil, en Afrique de l'Est et Asie du Sud-Est.. Selon les estimations, de 50 000 à 90 000 nouveaux cas de LV surviennent chaque année. En 2015, plus de 90% des cas notifiés à l’OMS se sont produits dans 7 pays: Brésil, Éthiopie, Inde, Kenya, Somalie, Soudan et Soudan du Sud.
  • La leishmaniose cutanée (LC) c’est la forme la plus fréquente, qui provoque des lésions cutanées, principalement des ulcères, sur les parties exposées du corps laissant des cicatrices définitives et des handicaps sévères. Environ 95% des cas de LC surviennent dans les Amériques, dans le bassin méditerranéen, au Moyen-Orient et en Asie centrale. En 2015, plus des deux tiers des cas ont été enregistrés dans les 6 pays suivants: l’Afghanistan, l’Algérie, le Brésil, la Colombie, la République arabe syrienne et la République islamique d’Iran. On estime qu’il y a entre 600 000 et 1 million de nouveaux cas chaque année dans le monde.
  • La leishmaniose cutanéo-muqueuse détruit partiellement ou totalement les muqueuses du nez, de la bouche et de la gorge. Plus de 90% des cas de leishmaniose muco-cutanée surviennent au Brésil, dans l’État plurinational de Bolivie et au Pérou.

Transmission

La leishmaniose se transmet par la piqûre d'un phlébotome femelle infecté. Son épidémiologie dépend des caractéristiques de l'espèce, des particularités écologiques locales des sites de transmission, de l'exposition actuelle et passée de la population humaine au parasite et des comportements humains. On a établi que 70 espèces animales, dont l’être humain, sont des réservoirs naturels des parasites du genre Leishmania.

Spécificités selon les Régions de l’OMS

Région africaine de l’OMS

Les formes viscérale, cutanée et muco-cutanée de la leishmaniose sont endémiques en Algérie et très endémiques dans les pays d’Afrique de l’Est. Dans cette zone géographique, les flambées de leishmaniose viscérale sont fréquentes.

Région OMS des Amériques

L’épidémiologie de la leishmaniose cutanée est très complexe dans les Amériques, avec des variations dans les cycles de transmission, les réservoirs, les phlébotomes vecteurs, les manifestations cliniques et la réponse au traitement. De multiples espèces de Leishmania circulent dans une même zone géographique. Le Brésil concentre 90% des cas de leishmaniose viscérale dans cette Région.

Région OMS de la Méditerranée orientale

On observe dans cette région 70% des cas de leishmaniose cutanée dans le monde. La leishmaniose viscérale est fortement endémique en Iraq, en Somalie et au Soudan.

Région européenne de l’OMS

La leishmaniose cutanée et la leishmaniose viscérale sont endémiques dans cette Région. On observe aussi des cas importés, principalement en provenance d’Afrique et des Amériques.

Région OMS de l’Asie du Sud-Est

La leishmaniose viscérale est la principale forme de la maladie dans cette Région, où la leishmaniose cutanée est aussi endémique. C’est la seule Région ayant une initiative régionale pour éliminer la leishmaniose viscérale en tant que problème de santé publique. 

Leishmaniose dermique post-kala-azar (LDPKA)

La LDPKA est une séquelle habituelle de la leishmaniose viscérale. Elle se manifeste par une éruption maculaire, papuleuse ou nodulaire localisée sur le visage, la partie supérieure du bras, le tronc et d'autres parties du corps. On rencontre principalement cette forme en Afrique de l'Est et dans le sous-continent indien, où elle peut être respectivement développée par 5-10% des patients atteints du kala-azar. La LDPKA survient généralement 6 mois, un an ou plusieurs années après la guérison apparente du kala-azar, mais elle peut également se déclarer avant. Les personnes qui en sont souffrent sont considérées comme une source potentielle du kala-azar.

Co-infection leishmaniose-VIH

Chez les personnes porteuses à la fois de Leishmania et du VIH, les risques de survenue d’une forme clinique de leishmaniose et de rechute, et les taux de mortalité, sont plus élevés. Un traitement antirétroviral permet de ralentir l’évolution de la maladie, de retarder les rechutes et d’allonger la durée de vie des patients co-infectés.On signale une fréquence élevée de la co-infection leishmaniose-VIH au Brésil, en Éthiopie et dans l’État indien du Bihâr.

Principaux facteurs de risque

Conditions socioéconomiques

La pauvreté accroît le risque de leishmaniose. Les mauvaises conditions de logement et les insuffisances de l’assainissement domestique (par exemple, absence de système de gestion des déchets, égouts à ciel ouvert) peuvent favoriser le développement des sites de reproduction et de repos des phlébotomes et augmenter les contacts avec l'homme. Les phlébotomes sont attirés par les repas de sang potentiels que leur offrent les logements surpeuplés. Les comportements humains (par exemple, dormir dehors ou à même le sol) sont également susceptibles d'accroître le risque.

Malnutrition

Les régimes alimentaires pauvres en protéines, en fer, en vitamine A et en zinc augmentent la probabilité de voir l'infection évoluer en kala-azar.

Mobilité de la population

Les épidémies des deux principales formes de leishmaniose sont souvent associées aux migrations et à l'arrivée de personnes non immunisées dans des zones où il existe déjà des cycles de transmission. L'exposition professionnelle et l'intensification de la déforestation restent des facteurs importants.

Changements environnementaux

Plusieurs changements environnementaux peuvent influencer l'incidence de la leishmaniose, dont l'urbanisation et le développement des exploitations agricoles et des zones de peuplement sur les forêts.

Changement climatique

Les conditions climatiques jouent sur la leishmaniose et modifient de plusieurs manières l'épidémiologie de la leishmaniose:

  • L'évolution des températures, de la pluviométrie et de l'humidité peut avoir des effets importants sur les vecteurs et les réservoirs en modifiant la distribution et en influant sur les taux de survie et la taille des populations.
  • Même les plus faibles variations de températures peuvent avoir une profonde incidence sur le cycle de développement des promastigotes de Leishmania dans les phlébotomes, et permettre ainsi au parasite de se transmettre là où la maladie n'était pas endémique auparavant.
  • Il est possible que les sécheresses, les famines et les inondations entraînent des déplacements et migrations massives vers les zones de transmission de la leishmaniose et que la malnutrition affaiblisse l’immunité des populations concernées.

Diagnostic et traitement

Le diagnostic de leishmaniose viscérale est posé sur la base d'un examen clinique associé à des tests parasitologiques ou sérologiques (tests diagnostiques rapides notamment). Les tests sérologiques sont d'un intérêt limité pour les formes cutanée et cutanéo-muqueuse et le diagnostic est confirmé lorsque les tests parasitologiques corroborent la manifestation clinique.

Le traitement de la leishmaniose dépend de plusieurs facteurs, parmi lesquels la forme de la maladie, les affections concomitantes, l’espèce parasitaire et la situation géographique. La leishmaniose est une maladie traitable dont on peut guérir, mais qui requiert un système immunitaire compétent, car les médicaments n’arrivent pas éliminer complètement le parasite de l’organisme, d’où le risque de rechute en cas d’immunosuppression.

Un traitement complet doit être administré rapidement à tous les patients chez qui la leishmaniose viscérale a été diagnostiquée. Consacré à la lutte contre la leishmaniose, le numéro 949 de la série de rapports techniques de l'OMS donne des informations détaillées sur le traitement des différentes formes en fonction de la zone géographique.

Prévention et lutte

Une panoplie de stratégies d'intervention doit être mobilisée pour prévenir et combattre la leishmaniose. La transmission, en effet, s'inscrit dans un système biologique complexe associant l'hôte humain, le parasite, le phlébotome et, parfois, un réservoir animal. Les principales stratégies sont les suivantes :

  • Un diagnostic précoce et un traitement efficace des cas permettent de réduire la prévalence et de prévenir handicaps et décès. La détection précoce et le traitement rapide des cas contribuent à réduire la transmission et à surveiller la propagation et le fardeau de la maladie. Des médicaments très efficaces et sûrs existent aujourd'hui contre la leishmaniose, en particulier contre sa forme viscérale. L’accès à ces médicaments s’est sensiblement amélioré grâce au système de prix négociés de l’OMS et à un programme de dons par l’intermédiaire de l’OMS.
  • La lutte antivectorielle aide à atténuer ou interrompre la transmission de la maladie en s'attaquant aux phlébotomes. Parmi les méthodes utilisées figurent la pulvérisation d'insecticides, les moustiquaires imprégnées d'insecticides, l'aménagement de l'environnement et la protection personnelle.
  • Une surveillance efficace de la maladie est importante afin de détecter rapidement les épidémies et  d'agir vite lorsque l'on observe de forts taux de létalité lors des traitements, .
  • La lutte contre les animaux réservoirs est complexe est doit être adaptée à la situation locale.
  • Mobilisation sociale et renforcement des partenariats –  il s'agit de mobiliser les communautés et de les informer au moyen d'interventions efficaces visant à modifier les comportements par des stratégies de communication adaptées à la situation locale. Les partenariats et la collaboration avec les différentes parties intéressées et avec les autres programmes de lutte contre les maladies à transmission vectorielle sont essentiels.

Action de l'OMS

En vue de lutter contre la leishmaniose, l'OMS:

  • apporte un appui financier et technique aux programmes nationaux de lutte contre la leishmaniose afin de produire des directives actualisées et d’élaborer des plans de lutte, incluant des systèmes durables et efficaces de surveillance, ainsi que des systèmes de préparation aux épidémies et de riposte; 
  • surveille les tendances épidémiologiques et évalue l’impact des activités de lutte, ce qui renforce la sensibilisation et le plaidoyer face à la charge mondiale de la maladie et favorise un accès équitable aux services de santé;
  • élabore sur des bases factuelles des lignes directrices, stratégies et normes de prévention et de lutte contre la maladie, et suit leur mise en œuvre;
  • renforce la collaboration et la coordination entre les partenaires, les parties intéressées et les autres organismes;
  • fait avancer la recherche sur les moyens de combattre efficacement la leishmaniose, au moyen de médicaments, d'outils diagnostiques et de vaccins sûrs, efficaces et d'un prix abordable;